Je les ai vus surgir du passé, se mettre à revivre devant mes yeux. Je les ai aperçus faner dans les prés pentus, porter sur leurs épaules la lourde « saoumette » chargée de foin, ramener un troupeau de belles lourdaises à la croupe haute et à la corne majestueuse. Puis les traire, la tête appuyée tendrement sur leurs flancs dans la douce chaleur de la grange. Je les ai imaginés réunis devant la fontaine, le béret vissé sur la tête tandis que les femmes bavardant entre elles, lessivaient à coup de battoir le linge jauni par la misère. Je les devine si bien, autour de la cheminée se partageant un morceau de lard ou de tendre « pastet ». Ils sont là, non plus ensevelis, mais toujours présents dans nos cœurs. Je les entends rire. Je suis heureuse que nous les ayons réveillés nos ancêtres.